Des Fleurs Pour Algernon - Entre science-fiction et philosophie

Mais j'ai appris que l'intelligence seule ne signifie pas grand-chose. Ici, dans cette Université, l'intelligence, l'instruction, le savoir sont tous devenus de grandes idoles. Mais je sais maintenant qu'il y a un détail que vous avez négligé: l'intelligence et l'instruction qui ne sont pas tempérées par une chaleur humaine ne valent pas cher.

Des fleurs pour Algernon, Daniel Keyes 

Année de parution : 1966

Editeur : J’ai Lu

Résumé :

" Si l'opération réussi bien je montrerai a cète souris d'Algernon que je peux être ossi un télijen quelle et même plus. Et je pourrai mieux lire et ne pas faire de fotes en écrivan et apprendre des tas de choses et être comme les otres. "

Charlie Gordon a 33 ans et l'âge mental d'un enfant de 6 ans. Il voit sa vie bouleversée le jour où, comme la souris Algernon, il subit une opération qui multipliera son Q.I. par 3. Charles va enfin pouvoir réaliser son rêve, devenir intelligent. Au jour le jour, il fait le compte rendu de ses progrès. Mais jusqu'où cette ascension va-t-elle le mener ? Algernon est une souris de laboratoire, Charlie Gordon un simplet employé aux médiocres besognes. Tous deux vont emprunter, grâce à une découverte du docteur Strauss et du professeur Nemur, le chemin vers l'intelligence. Suivi par la psychologue Alice Kinnian dont il tombe rapidement amoureux, Charlie va faire de grands progrès sur le plan intellectuel. Ainsi, au terme du troisième mois de traitement, il consigne dans son journal, originellement intitulé CONTE RANDU, tous ses ressentis.

La dernière fois à la libraire, alors que je cherchais un nouveau roman à dévorer, mon mari m’a tendu Des fleurs pour Algernon, un livre qui l’a beaucoup marqué étant adolescent et qu’il souhaitait partager avec moi. Titre inconnu, auteur inconnu…bon après tout j’ai confiance en mon époux, donc je le prends à l’essai. Et bien quelle surprise ce roman, quelle belle surprise même !

Écrite en 1959 , c’était d’abord une nouvelle, publiée dans The Magazine of Fantasy and Science-Fiction, et distinguée un an plus tard par le prestigieux prix Hugo qui récompenses dans le domaine de la littérature de science-fiction, l’auteur américain Daniel Keyes en fit un roman, qui devint un véritable best-seller dès l’année de parution.

C’est donc l’histoire de Charlie Brown, jeune homme simple aux capacités intellectuelles limitées depuis sa naissance, qui va faire l’objet d’une expérience scientifique, totalement innovante qui n’a été testée à ce jour que sur une souris dénommée Algernon, qui voit ses capacités intellectuelles progresser à une vitesse exceptionnelle. L’intelligence de Charlie va elle aussi croître, il devient même plus intelligent que la moyenne, et va acquérir un savoir phénoménal dans tous les domaines. Notre héros va alors réaliser beaucoup de choses sur la vie, sur sa vie, sa mémoire se développant également, il va apprendre beaucoup de choses sur ses parents, sur son enfance…et donc sur lui-même.

L’histoire nous est racontée sous forme d’un journal de bord, le « conte randu », tenu par Charlie, tout le long de cette expérience. La forme du journal de bord est assez efficace, car on s’immerge entièrement dans la pensée intime du héros, ce qui nous rapproche de lui.

L’histoire peut sembler être une narration classique d’un roman de science-fiction mais en réalité, je comprends que ce roman ait marqué mon mari. Il m’a marqué moi aussi, j’y réfléchissais même une fois le livre refermé, le soir. Car avec cette histoire, Charlie réalise qu’il a été trompé toute sa vie, non pas par son état psychique et mental, mais par la vision qu’avait de lui tout son entourage et qu’il en avait d’eux. Sans vouloir dévoiler toute l’histoire, on dirait que le héros devient malheureux, ou réalise qu’il n’était pas heureux avant, en devenant « un telijen ». La vérité ou le bonheur ? C’est une des interrogations de ce roman. L’œuvre pose également la question de l’éthique médicale. L’histoire est passionnante et je l’ai trouvée pleine de signification philosophique sur le bonheur et la vie. Un peu comme le serait un roman initiatique du cerveau, ou bien même de la conscience. Car c’est de la conscience dont il est question. La recherche permanente de l’amour du héros par les autres ne change pas quand il devient intelligent et il comprend d’où cette quête vient, il prend conscience de failles depuis son enfance qui ont interféré dans toute sa vie d’adolescent et d’adulte, mais Charlie réalise également que l’intelligence ne joue finalement en rien dans cet amour qu’il souhaite recevoir, ce n’est pas en étant plus intelligent qu’il verra son entourage l’apprécier davantage (sauf peut-être sa mère, mais n’est-il pas trop tard?).

On se rend compte à travers ce roman de la difficulté de naître anormal, handicapé, de l’image renvoyé par les autres et par soi-même quand on naît avec un manque, intellectuel, mais surtout affectif. J’ai été triste à la lecture de ce roman, mais il m’a fait réfléchir. Je ne souhaite pas vous dévoiler la fin, mais allez le lire, vraiment il n’est pas long, c’est beau, émouvant, philosophique.

Et on dit quoi ? Merci mon mari J